Les dirigeants de la Banque Centrale du Congo
En 72 ans d’existence, l’Institut d’Emission a connu 14 Gouverneurs, dont deux pour la période coloniale et dix pour les années d’après l’indépendance. Dans ce même laps de temps, la Banque a connu douze Vice-Gouverneurs sur seize postes. Issus pour la plupart d’horizons bien différents, ils sont venus consolider la Banque Centrale, chacun de sa propre personnalité et de son expérience unique. Bien sûr que les marques laissées par leur passage à la tête de la Haute Direction de la Banque Centrale ne peuvent qu’être le reflet de la durée même de leur mandat ainsi que du contexte spécifique dans lequel ils l’ont exercé.
Ces différents dirigeants d’après l’indépendance ont dû souvent faire face à l’immixtion intempestive du pouvoir politique dans la gestion de l’Institut d’Emission. Beaucoup d’entre eux ont connu diverses tracasseries conduisant parfois à la reduction de leur pouvoir, à leur suspension, à leur révocation, à leur condamnation voire à la privation de leur liberté sans qu’aucune infraction prouvée ne soit retenue à leur charge.
Somme toute, ces difficultés résident dans la latitude qu’a la Banque Centrale de définir et de mettre en œuvre la politique monétaire.
A cet égard, les sources de tension entre le gouvernement et la Banque Centrale sont apparues notamment dans trois domaines, à savoir :
- La gestion du régime des changes.
- Le contrôle des émissions monétaires.
- Les avances au Trésor.
Dans le domaine de la gestion du régime des changes, on citera les problèmes ci-après :
- L’ajustement du taux de change lorsque le pays pratiquait le régime des changes fixes.
- La fréquence ainsi que la hauteur de l’ajustement du taux de change lorsque le pays était engagé dans un régime de flottement administré.
- L'adaptation de la réglementation de change aux réalités du marché.
Dans le domaine des émissions monétaires, on relèvera trois problèmes :
- L’émission des billets à valeur faciale élevée, c’està-dire l’adaptation de la valeur faciale des billets à l’évolution de l’inflation.
- La démonétisation ou la remonétisation de certaines coupures.
- le contrôle des émissions monétaires en vue de limiter la création monétaire.
Enfin dans le domaine des avances au Trésor on signalera quatre problèmes :
- La fixation des taux d’intérêts.
- Le respect de la limite légale du montant des avances à consentir au Trésor.
- La monétisation du déficit du Trésor.
- L’incapacité pour l’Etat, voire même son refus de rembourser les avances reçues et/ou de payer les intérêts dûs.
C’est souvent dans ce climat d’incompréhension que le Gouverneur exerce son mandat. Tirer son épingle du jeu requiert une dose politique et des résultats probants !